Sunday 15 May 2011

Rip it up and start again

"J'écouterai la musique des années 2000 en 2050" me disait l'autre jour mon pote Caleb, "quand j'aurai épuisé tous les trésors cachés du siècle dernier". Je ne suis pas en désaccord avec cette façon de voir les choses, tant j'ai plaisir à creuser et découvrir ce qui se faisait il y a 30, 40 ou 50 ans. Et ce qui est fou, c'est qu'on peut toujours creuser plus profond. En ce qui concerne le post-punk par exemple, il y a un semblant de revival ces dernières années, avec des groupes sympas, mais n'inventant rien, piochant leurs influences dans l'époque en or du post-punk (1978-84), et dont on se lasse très vite après quelques écoutes. J'ai dévoré "Rip it up and start again" cet hiver, une anthologie de Simon Reynolds sur le post-punk, et découvert plein de groupes dont j'ignorais l'existence (oh bonheur!). C'est de ces groupes là dont j'ai envie de parler aujourd'hui, et non pas de mes grands classiques post-punks qui bien sûr ont leur place dans le livre et dans mon coeur (PiL, Pere Ubu, James Chance, DNA, Talking Heads, Wire, the Fall, Joy Division, Gang of Four, the Red Crayola, This Heat...). This Heat ne sont d'ailleurs, à mon goût, pas apprécié à leur juste valeur dans le livre. Mais passé ce bémol, le livre est excellent, vivement recommandé! A voir aussi, un blog sur le bouquin.

Le post-punk, comme son nom ne l'indique pas, n'est pas juste la continuité du punk, mais bien un genre à part qui est né quasiment en même temps que le punk. Alors que les punks avaient décidé d'enterrer les anciens rockers et de redémarrer l'histoire du rock à zéro (ce qui les a amené assez rapidement à leur perte), les post-punks ont préféré prendre l'énergie du punk et y ajouter de nombreux styles musicaux, en passant par le reggae, le jazz, la musique africaine, mais aussi le rock progressif tant haïs des punks.

Voilà donc en écoute trois des groupes qui ont occupé mes platines cet hiver. Le premier est The Raincoats, un groupe de meufs: Ana da Silva,  Gina Birch, Vicky Aspinall et Palmolive (des Slits, appelée ainsi par Paul Simonon des Clash qui n'arrivait pas à prononcer son nom Paloma Romero, et remplacée plus tard par Ingrid Weiss). Deux albums studio à leur actif uniquement. J'adore les deux, avec peut-être une petite préférence pour le deuxième, Odyshape (1981),  qui a tendance à être un peu plus expériemental et dissonant, et qui contient deux invités de marque: Robert Wyatt (de Soft Machine) et Charles Hayward (de This Heat). Au passage merci a Kurt Cobain qui a aidé à rééditer le catalogue des  Raincoats sur le label Geffen. 


The Raincoats, Shouting out loud (Odyshape, 1981)




The Slits est un autre groupe de meufs, dans la lignée des Raincoats, formé par Ari Up et Palmolive, et avec Viv Albertine et Tessa Politt. J'ai une attache sentimentale particulière avec leur premier album, Cut (1979), car je l'ai découvert (et adoré) le jour même de la mort de Ari Up, le 20 octobre 2010. La pochette de l'album, les trois Slits en amazones sauvages mi-nues et recouvertes de boue, est mythique. L'album est un chef d'oeuvre mélangeant punk, reggae et rythmes carribéen. Le morceau en écoute ici est une reprise de Marvin Gaye, comme quoi le post-punk et le Mowtown sont compatibles.


The Slits, I Heard It Through The Grapevine (Cut, 1979)




Et pour finir, Young Marble Giants. Un style très différent des deux autres groupes ci-dessus, et de toute la sphère post-punk en général. Très minimalistes, très lo-fi, ils utilisent des machines à rythme et des synthétiseurs fait maison. La guitare ne fait que de brèves apparitions et la basse est plutôt funky. Leur premier album, Colossal Youth, est un petit chef d'oeuvre, mais aussi apparemment leur seul véritable album.


Young Marble Giants, Searching For Mr Right (Colossal Youth, 1980)

Thursday 5 May 2011

The Residents

Pas mal d'excitation ce soir: je vais voir les Residents, qui plus est dans la ville où ils ont élu domicile il y a 40 ans: San Francisco.

Personne ne sait qui sont les Residents. Ils officient toujours cachés derrière un masque, souvent un globe oculaire géant. Leur musique aussi est obscure, difficile à catégoriser. Très avant-gardiste en tout cas, et reconnaissable entre mille. Les Residents se lancent aussi dès leurs débuts dans la vidéo et sont un des premiers groupes à avoir fait des clips, ce qui leur vaudra de passer couramment sur MTV lors des débuts de la chaîne musicale.
Ce soir les Residents ne sont plus quatre mais trois. À en croire Randy le chanteur, Carlos en a eu marre de la vie Rock'n'Roll et est retourné au Mexique pour s'occupper de sa mère. "Fuck you Carlos" crie randy! Randy a un masque de vieux et est habillé en peignoire avec une cravatte géante.


L'impression que me donne ce spectacle est que Randy n'a pas vraiment besoin de masque car les Residents ont vieilli. Il n'est pas facile de rester avant-gardiste pendant 40 ans.  Les Residents sont tombés dans l'auto-caricature. Carlos a bien fait de quitter le navire.

Bon c'est pas grave, je vais pas être trop méchant avec eux, on va plutôt se replonger dans leur discographie des années 70-80. En écoute ici donc, deux morceaux de leur "Commercial album" (1980), qui contient 40 chansons d'une minute, chacune contenant un couplet et un refrain. Apparemment il faut jouer la chanson trois fois d'affillée pour avoir une chanson pop (j'ai jamais essayé!). Et pis il y aurait mon voisin d'Oakland le guitariste Fred Frith (dont il faut que je parle sur ce blog) en invité sur l'album alors!
Easter woman

Red rider


Et pour finir l'aperçu de la folie des Residents, un petit clip vidéo concocté au milieu des années 70. La musique est issue de "The Third Reich'n'Roll" (1976), un album collage parodiant la musique commerciale des années 60.