Monday 24 October 2011

Hardcore laqué

Et hop une petite chronique de concert à chaud. The New Parish est une salle qui a ouvert il y a quelques mois à Oakland, et qui est vite devenue (après les concerts de Lightning Bolt et Blonde Redhead) un de nos endroits fétiches. L'avis est apparemment partagé par Shellac qui y a joué samedi et dimanche.

En première partie, découverte totale: Helen Money arrive seule avec son violoncelle et ses nombreuses pedales et nous apprend que le violoncelle peut se manier comme une guitare électrique (ou une basse au choix). Les sons qu'elle en sort sont parfois atmosphériques, souvent violents, très brutes. À certains moments on a l'impression de se retrouver sous un raid aérien, mais les obus sont sonores. D'autres moments sont très drones et on croirait entendre du Sunn O))). Expérience intense en tout cas. Petit aperçu sur cette vidéo trouvée sur youtube.



Puis viennent Steve Albini (guitare), Todd Trainer (batterie) et Bob Weston (bassse), le trio percutant de Shellac of North America. Shellac s'est formé à Chicago en 1992. Steve Albini (Big Black, Rapeman) est un ingénieur du son au look de premier de la classe (à gauhe sur la photo) et producteur de génie qui va jusqu'à mesurer les distances entre les microphones et les amplis (son côté premier de la classe).  Il a produit, pour ne citer que quelques groupes, mais non des moindres, Nirvana, PJ Harvey, Pixies, Breeders, Mogwai, Godspeed you! Black Emperor et même nos amis The Ex.


Le son de Shellac est très distinctif, ultra léché, minimaliste, avec une section basse-batterie ultra efficace et une guitare abrasive, le tout accompagné des paroles (cris) de Steve Albini (qui ne chante pas très bien d'ailleurs, on s'en rend mieux compte en live). Parmi les autres choses que l'on découvre en concert: 1) Albini ne porte pas sa guitare sur l'épaule comme tout le monde, mais possède une ceinture spéciale;  2) Albini et Weston jouent avec des guitares vintage de marque Travis Beans (avec un énorme T sur le manche); 3) même en live le son de Shellac est ultra clean, noisy mais clean, et ca fait plaisir aux oreilles. Shellac n'a publié que quatre albums en presque vingt ans d'existence, mais il y avait bien cinq-six morceaux que je ne connaissais pas hier (dont un sur l'amour physique "He came in you" et un autre qui s'appelle "Bike" ou "Bicycle" ou quelque chose à propos de vélos, même eux n'étaient plus surs du titre). Cela laisse-t-il présager d'un nouvel opus pour bientôt?

En tout cas, voici quelques mp3 pour vous aiguiser l'apétit. Oui je sais quelle horreur des mp3 alors qu'ils passent tant de temps à perfectionner leur son mais bon, pas trop le choix hein. Pas facile non plus de choisir les morceaux, ce sera donc le premier de chaque album. A vous d'aller acheter le reste en CD, voire mieux, en vinyl (il existe des pressages 180g!).

My Black Ass, At Action Park (1994)




Didn't We Deserve A Look At You The Way You Really Are, Terrarform (1998)



Prayer To God, 1000 Hurts (2000)




The End Of Radio, Excellent Italian Greyhound (2007)


Saturday 22 October 2011

Mutant arabisant

Sir Richard Bishop est le guitariste des feu Sun City Girls, trio ethno-folk à la discographie effarante et dont j'ai donné un bref aperçu sur ce blog. Le Sieur est venu jouer récemment au musée d'Art Moderne de Berkeley (BAM), espace angulaire assez incongru pour la musique, mais qui peut donner des effets sonores assez intéressants, et voilà donc l'occasion de parler de lui sur ce blog.

En solo le Sieur nous offre une palette de ses talents de virtuose (guitariste virtuose, voilà un terme qui, je me rends compte au moment ou je l'écris, peut faire peur, mais rassurez-vous, rien à craindre ici).  Sir Bishop est très inspiré par Django Reinhardt (voir sont titre Elysium number five ci-dessous), John Fahey (son premier album a été publié sur le label de John Fahey Revenant Records), la musique surf et les sons arabisants (son dernier album solo "Freaks of Arabia"). Beaucoup de place à l'improvisation aussi, mais pas forcément illustré dans les morceaux en écoute ci-dessous.



Elysium Number Five, Polytheistic Fragments (2007)


Canned Goods And Firearms, Polytheistic Fragments (2007)




Barbary, the Freak of Araby (2009)


Ka'an Azzaman, the Freak of Araby (2009)

Thursday 20 October 2011

Poulettes cosmopolites

Tout d'abord, je dois bien dire que j'ai obtenu le titre de cette publication par extension puisque "chicks" ne veut pas dire poulettes. Encore que je n'en sois pas si sûr... !!?

Je souhaite donc parler aujourd'hui de Chicks On Speed.

Petit parallèle hasardeux: comme Lightning Bolt, le groupe a été crée dans le cadre d'un projet artistique universitaire. C'était à Munich en 1997. Les protagonistes d'alors sont donc trois poulettes: Melissa Logan arrivée des Etats-Unis (New York), Alex Murray Leslie débarquée d'Australie (Sidney) et Kiki Moorse qui est tout simplement de Munich.

Elles développent alors leur créativité dans différentes disciplines et notamment la musique à laquelle elles ne connaissent rien. Leur ligne de conduite est de dénoncer la culture de masse et surtout l'industrie qui en tire profit.


Elles sortent rapidement un premier single, "Kaltes Klares Wasser"; un morceau un peu electro/house qui, en fait, devient un hit. Pour la tendance anti-masse, c'est loupé. Mais cela conforte leur idée que l'on peut toucher beaucoup de monde en contournant les gros éditeurs.

Elles sortiront quand même une paire d'albums chez EMI!

Musicalement parlant donc, elles n'ont pas sorti grand chose d'intéressant si ce n'est leur opus de 2005, "Press The Space Bar" un album bric-à-brac lo-fi, mélange électro/punk/rock en collaboration avec un obscur groupe de Barcelone: "The No Heads". Le lien entre eux est Christian Vogel, musicien électro qui produira l'album.

En écoutant ce truc, j'ai toujours une pensée pour No Means No. C'est le premier titre, en contraste avec tout le reste qui suit, qui me fait la même impression que dans "0+2=1"; un son soigné pour un morceau un peu innocent. Et puis c'est la débandade.
Alternent ensuite 12 autres titres au son bien cracra, parfois rock, parfois électro, parfois n'imp' ou encore un peu tout ça en même temps. Une atmosphère un peu glaciale, voire cataclysmique se dégage tout au long de ce patchwork où les demoiselles soit chantent comme des casseroles, soit parlent ou braillent comme des veaux. Cela nous rappelle que les membres de chicks On Speed sont des artistes avant d'être des musiciennes,... et tant mieux!

Aussi, j'ai eu du mal à choisir quels morceaux en extraire pour donner un aperçu d'ensemble. Ce qui revient à dire que le mieux, c'est de tout écouter. Même s'il est possible que cela demande un effort. Press The Space Bar n'a rien d'un produit édulcoré. Sur ce coup là, nos excentriques sont en accord avec leur idéal.

Je disais donc "artistes". Les COS fabriquent leurs costumes de scène, des fringues très laides qui nous ramènent dans les années 80. Elles s'expriment aussi au cours de divers happenings où elles aiment par exemple barbouiller leur environnement de peinture ou encore se battent pour l'amélioration de la condition féminine.
Les COS ont aussi assez rapidement crée leur maison de prod'. C'est ainsi qu'en 2005, elles produisent "The Lighthouse", album solo de Ana Da Silva; oui, celle des Raincoats. Encore une boucle de bouclée ;)

Tous leurs délires plus en détail sur
chicksonspeed.com


Et voici les morceaux 1, 5 et 9 de "Press The Space Bar"



The Household Song





Culture Vulture Part Three



Bravo si vous êtes venu à bout des 85 secondes :D


Is Bigger Better