Monday 24 October 2011

Hardcore laqué

Et hop une petite chronique de concert à chaud. The New Parish est une salle qui a ouvert il y a quelques mois à Oakland, et qui est vite devenue (après les concerts de Lightning Bolt et Blonde Redhead) un de nos endroits fétiches. L'avis est apparemment partagé par Shellac qui y a joué samedi et dimanche.

En première partie, découverte totale: Helen Money arrive seule avec son violoncelle et ses nombreuses pedales et nous apprend que le violoncelle peut se manier comme une guitare électrique (ou une basse au choix). Les sons qu'elle en sort sont parfois atmosphériques, souvent violents, très brutes. À certains moments on a l'impression de se retrouver sous un raid aérien, mais les obus sont sonores. D'autres moments sont très drones et on croirait entendre du Sunn O))). Expérience intense en tout cas. Petit aperçu sur cette vidéo trouvée sur youtube.



Puis viennent Steve Albini (guitare), Todd Trainer (batterie) et Bob Weston (bassse), le trio percutant de Shellac of North America. Shellac s'est formé à Chicago en 1992. Steve Albini (Big Black, Rapeman) est un ingénieur du son au look de premier de la classe (à gauhe sur la photo) et producteur de génie qui va jusqu'à mesurer les distances entre les microphones et les amplis (son côté premier de la classe).  Il a produit, pour ne citer que quelques groupes, mais non des moindres, Nirvana, PJ Harvey, Pixies, Breeders, Mogwai, Godspeed you! Black Emperor et même nos amis The Ex.


Le son de Shellac est très distinctif, ultra léché, minimaliste, avec une section basse-batterie ultra efficace et une guitare abrasive, le tout accompagné des paroles (cris) de Steve Albini (qui ne chante pas très bien d'ailleurs, on s'en rend mieux compte en live). Parmi les autres choses que l'on découvre en concert: 1) Albini ne porte pas sa guitare sur l'épaule comme tout le monde, mais possède une ceinture spéciale;  2) Albini et Weston jouent avec des guitares vintage de marque Travis Beans (avec un énorme T sur le manche); 3) même en live le son de Shellac est ultra clean, noisy mais clean, et ca fait plaisir aux oreilles. Shellac n'a publié que quatre albums en presque vingt ans d'existence, mais il y avait bien cinq-six morceaux que je ne connaissais pas hier (dont un sur l'amour physique "He came in you" et un autre qui s'appelle "Bike" ou "Bicycle" ou quelque chose à propos de vélos, même eux n'étaient plus surs du titre). Cela laisse-t-il présager d'un nouvel opus pour bientôt?

En tout cas, voici quelques mp3 pour vous aiguiser l'apétit. Oui je sais quelle horreur des mp3 alors qu'ils passent tant de temps à perfectionner leur son mais bon, pas trop le choix hein. Pas facile non plus de choisir les morceaux, ce sera donc le premier de chaque album. A vous d'aller acheter le reste en CD, voire mieux, en vinyl (il existe des pressages 180g!).

My Black Ass, At Action Park (1994)




Didn't We Deserve A Look At You The Way You Really Are, Terrarform (1998)



Prayer To God, 1000 Hurts (2000)




The End Of Radio, Excellent Italian Greyhound (2007)


Saturday 22 October 2011

Mutant arabisant

Sir Richard Bishop est le guitariste des feu Sun City Girls, trio ethno-folk à la discographie effarante et dont j'ai donné un bref aperçu sur ce blog. Le Sieur est venu jouer récemment au musée d'Art Moderne de Berkeley (BAM), espace angulaire assez incongru pour la musique, mais qui peut donner des effets sonores assez intéressants, et voilà donc l'occasion de parler de lui sur ce blog.

En solo le Sieur nous offre une palette de ses talents de virtuose (guitariste virtuose, voilà un terme qui, je me rends compte au moment ou je l'écris, peut faire peur, mais rassurez-vous, rien à craindre ici).  Sir Bishop est très inspiré par Django Reinhardt (voir sont titre Elysium number five ci-dessous), John Fahey (son premier album a été publié sur le label de John Fahey Revenant Records), la musique surf et les sons arabisants (son dernier album solo "Freaks of Arabia"). Beaucoup de place à l'improvisation aussi, mais pas forcément illustré dans les morceaux en écoute ci-dessous.



Elysium Number Five, Polytheistic Fragments (2007)


Canned Goods And Firearms, Polytheistic Fragments (2007)




Barbary, the Freak of Araby (2009)


Ka'an Azzaman, the Freak of Araby (2009)

Thursday 20 October 2011

Poulettes cosmopolites

Tout d'abord, je dois bien dire que j'ai obtenu le titre de cette publication par extension puisque "chicks" ne veut pas dire poulettes. Encore que je n'en sois pas si sûr... !!?

Je souhaite donc parler aujourd'hui de Chicks On Speed.

Petit parallèle hasardeux: comme Lightning Bolt, le groupe a été crée dans le cadre d'un projet artistique universitaire. C'était à Munich en 1997. Les protagonistes d'alors sont donc trois poulettes: Melissa Logan arrivée des Etats-Unis (New York), Alex Murray Leslie débarquée d'Australie (Sidney) et Kiki Moorse qui est tout simplement de Munich.

Elles développent alors leur créativité dans différentes disciplines et notamment la musique à laquelle elles ne connaissent rien. Leur ligne de conduite est de dénoncer la culture de masse et surtout l'industrie qui en tire profit.


Elles sortent rapidement un premier single, "Kaltes Klares Wasser"; un morceau un peu electro/house qui, en fait, devient un hit. Pour la tendance anti-masse, c'est loupé. Mais cela conforte leur idée que l'on peut toucher beaucoup de monde en contournant les gros éditeurs.

Elles sortiront quand même une paire d'albums chez EMI!

Musicalement parlant donc, elles n'ont pas sorti grand chose d'intéressant si ce n'est leur opus de 2005, "Press The Space Bar" un album bric-à-brac lo-fi, mélange électro/punk/rock en collaboration avec un obscur groupe de Barcelone: "The No Heads". Le lien entre eux est Christian Vogel, musicien électro qui produira l'album.

En écoutant ce truc, j'ai toujours une pensée pour No Means No. C'est le premier titre, en contraste avec tout le reste qui suit, qui me fait la même impression que dans "0+2=1"; un son soigné pour un morceau un peu innocent. Et puis c'est la débandade.
Alternent ensuite 12 autres titres au son bien cracra, parfois rock, parfois électro, parfois n'imp' ou encore un peu tout ça en même temps. Une atmosphère un peu glaciale, voire cataclysmique se dégage tout au long de ce patchwork où les demoiselles soit chantent comme des casseroles, soit parlent ou braillent comme des veaux. Cela nous rappelle que les membres de chicks On Speed sont des artistes avant d'être des musiciennes,... et tant mieux!

Aussi, j'ai eu du mal à choisir quels morceaux en extraire pour donner un aperçu d'ensemble. Ce qui revient à dire que le mieux, c'est de tout écouter. Même s'il est possible que cela demande un effort. Press The Space Bar n'a rien d'un produit édulcoré. Sur ce coup là, nos excentriques sont en accord avec leur idéal.

Je disais donc "artistes". Les COS fabriquent leurs costumes de scène, des fringues très laides qui nous ramènent dans les années 80. Elles s'expriment aussi au cours de divers happenings où elles aiment par exemple barbouiller leur environnement de peinture ou encore se battent pour l'amélioration de la condition féminine.
Les COS ont aussi assez rapidement crée leur maison de prod'. C'est ainsi qu'en 2005, elles produisent "The Lighthouse", album solo de Ana Da Silva; oui, celle des Raincoats. Encore une boucle de bouclée ;)

Tous leurs délires plus en détail sur
chicksonspeed.com


Et voici les morceaux 1, 5 et 9 de "Press The Space Bar"



The Household Song





Culture Vulture Part Three



Bravo si vous êtes venu à bout des 85 secondes :D


Is Bigger Better

Monday 15 August 2011

Chronique Cousin Vinyl Episode 2


Un petit mot de retour de vacances. L’occasion de vous faire part du concert de DJ Shadow dans la plus grande salle de concert du monde : LES VOSGES. Finies les collaborations foireuses avec des hip-hopers pleins de poppers à deux balles. Les hip-hopers sont à 2 balles pas le poppers car si vous avez du poppers pas cher, j’ai un ami que ça intéresse : Rigobert Puduzgeg, artiste grolandais qui cherche à battre le record du monde du pet le plus foireux (pas en longueur mais en surface et là, je dis attention projection en public en perspectives).

Donc, petit concert en fin de journée, au milieu des montagnes vosgiennes, avec le soleil couchant derrière la scène (classe !), des stands de brasserie avec pleins de bières pressions artisanales (classe !), mais rapidement je m’aperçois que je suis le plus vieux du concert et tout seul à n’être venu qu’en simple mélomane, ce qui me coupe l’envie de déguster une petite bière trappiste (pas classe !). Une bonne heure et demie de concert avec un visuel bien sympa (vidéos sur youtube sans problème) mais un gros travail d’installation et de calage de la projection sur surface sphérique (pour Rigobert Puduzgeg aussi…) ce qui explique le léger retard de près d’une heure.

Des vieux mixes un peu plus frénétiques, quelques bribes du futur album (pour Septembre, m’a confié quelqu’un de son crew qui vendait 1 disque et pleins de T-shirts) plutôt de bonne augure et comme d’hab, un DJ Shadow qui passe son temps à remercier tout le monde, même le ptit jeune post-pubère immédiat qui inaugurait son bizutage brassicole par une magnifique gerbe explosive sur tout un parterre de chaussures déjà bien arrangées par plusieurs jours de piètinage (terme grolandais synonyme de piétinement) plus ou moins artistique et autre roulage de patin. Effet pochoir garanti à la fin pour le dernier qui remballe et qui nettoie.


Bref, une ambiance sympa qui nous aurait certainement plu étant plus jeunes, et qui nous fait rappeler que cela fait plus de 20 ans que le père Shadow est le principal créateur de l’abstract hip-hop. Pour continuer à faire comme des vieux qui écoutent encore des vinyles, j’vais m’écouter un petit monosyllabik (1 face gravée en 12’’ limitée à 1000 exemplaire avec 10 pochettes différentes, ça c’est du collector), histoire de parler un peu de vinyle.

Sunday 24 July 2011

Saturn, Véga, Goldorak Route n° 7...

1ère chronique du cousin vinyle et pas facile de choisir un p’tit vinyle qui craque bien et qui claque bien. Alors tant pis, j’ai pris sur moi et j’ai choisi arbitrairement ce que j’ai acheté en dernier et écouté en dernier. Et finalement, ça tombe pas mal.
« Alan Véga avec Saturn Strip, c’est culotté » me disait Rigobert Puduzgeg, artiste grolandais qui sale ses frites en pissant dessus. Et pour une fois, il a raison. Alan Véga est le chanteur (enfin, si on peut dire) de Suicide, groupe maudit en son temps et largement surestimé en notre temps. Il n’a aucun rapport avec Suzanne Véga, chanteuse pop neurasthénique asthmatique des années 80, si ce n’est que les chansons de cette dernière peuvent pousser au suicide. Peintre et sculpteur, Alan Véga rencontre Martin Rev courant 1970. Suicide est né dans le milieu underground new-yorkais grâce à des performances live d’une rare intensité (Alan Véga menaçant le public en faisant tournoyer une chaîne de moto) et responsables d’une rare animosité de la part du public qui tentera de les lyncher à plusieurs reprise sans succès (tant pour le lynchage que la vente de disques). Entre minimalisme d’avant-garde (chant + electro) et grosse provoc je-m’en foutiste, le groupe ressemble à la rencontre impossible d’un Kluster sous acide avec un Iggy pop, neurasthénique après avoir écouté Suzanne Véga, qui décide de rejoindre les Stray Cats. Et pourtant la vinaigrette se transforme par magie en mayonnaise avec un p’tit goût de r’viens-y.
Pour en revenir à Alan Véga, il décide de prendre un vrai groupe et de développer son amour du rockabilly de façon décadente et décalée. Il connaît ainsi un succès inattendu en France avec « Jukebox Babe » en 1980, qui atteint les sommets des ventes. Saturn strip est son 2ème album avec un mélange des 2 styles electro-rockabilly un peu plus pop. Faut dire à l’époque (1980-82) que le rock des années 50-60 marche bien en France (les Forbans et pleins d’autres formations dont la qualité artistique ressemble à ce que je peux trouver dans les couches de mon fils). Si on n’arrive pas à prendre véritablement Alan Véga au sérieux dans son rôle tant espéré de rocker-crooner à deux balles, on ne peut que s’imprégner de l’atmosphère borderline du personnage. Les guitares rocks sont à la limite de la rupture et contribuent au son mystérieusement anachronique et dérangeant. Les claviers flirtent avec l’apparente simplicité des notes de Barry Andrews avec XTC ou The league of gentlemen, alors que l’intonation viscérale de Véga sonne parfois comme un hommage involontaire à un « Sato-Sato » improbable des Deutsche Americanische Freundschaft (CF Video Babe). Le décalage jusqu’au bout de la pochette, blouson noir avec dégaine de Fonzy de Montfermeil qui aurait trop regardé « les démons de jésus », néon fluo déglingué ou graffiti frénétique d’un parkinsonien qui aurait un peu débordé sur le pauvre gars qui essaye de faire une photo pour la pochette de son album. Bref, le message est à l’image du disque, improbable puzzle décalé.
Je dis pas que c’est le disque du siècle mais franchement, je me suis bien éclaté à le découvrir et j’espère avoir aiguisé la curiosité de certains. A bientôt pour un autre p’tit vinyle.
Lien Deezer : http://www.deezer.com/fr/#music/alan-vega/saturn-strip-344954

Sunday 15 May 2011

Rip it up and start again

"J'écouterai la musique des années 2000 en 2050" me disait l'autre jour mon pote Caleb, "quand j'aurai épuisé tous les trésors cachés du siècle dernier". Je ne suis pas en désaccord avec cette façon de voir les choses, tant j'ai plaisir à creuser et découvrir ce qui se faisait il y a 30, 40 ou 50 ans. Et ce qui est fou, c'est qu'on peut toujours creuser plus profond. En ce qui concerne le post-punk par exemple, il y a un semblant de revival ces dernières années, avec des groupes sympas, mais n'inventant rien, piochant leurs influences dans l'époque en or du post-punk (1978-84), et dont on se lasse très vite après quelques écoutes. J'ai dévoré "Rip it up and start again" cet hiver, une anthologie de Simon Reynolds sur le post-punk, et découvert plein de groupes dont j'ignorais l'existence (oh bonheur!). C'est de ces groupes là dont j'ai envie de parler aujourd'hui, et non pas de mes grands classiques post-punks qui bien sûr ont leur place dans le livre et dans mon coeur (PiL, Pere Ubu, James Chance, DNA, Talking Heads, Wire, the Fall, Joy Division, Gang of Four, the Red Crayola, This Heat...). This Heat ne sont d'ailleurs, à mon goût, pas apprécié à leur juste valeur dans le livre. Mais passé ce bémol, le livre est excellent, vivement recommandé! A voir aussi, un blog sur le bouquin.

Le post-punk, comme son nom ne l'indique pas, n'est pas juste la continuité du punk, mais bien un genre à part qui est né quasiment en même temps que le punk. Alors que les punks avaient décidé d'enterrer les anciens rockers et de redémarrer l'histoire du rock à zéro (ce qui les a amené assez rapidement à leur perte), les post-punks ont préféré prendre l'énergie du punk et y ajouter de nombreux styles musicaux, en passant par le reggae, le jazz, la musique africaine, mais aussi le rock progressif tant haïs des punks.

Voilà donc en écoute trois des groupes qui ont occupé mes platines cet hiver. Le premier est The Raincoats, un groupe de meufs: Ana da Silva,  Gina Birch, Vicky Aspinall et Palmolive (des Slits, appelée ainsi par Paul Simonon des Clash qui n'arrivait pas à prononcer son nom Paloma Romero, et remplacée plus tard par Ingrid Weiss). Deux albums studio à leur actif uniquement. J'adore les deux, avec peut-être une petite préférence pour le deuxième, Odyshape (1981),  qui a tendance à être un peu plus expériemental et dissonant, et qui contient deux invités de marque: Robert Wyatt (de Soft Machine) et Charles Hayward (de This Heat). Au passage merci a Kurt Cobain qui a aidé à rééditer le catalogue des  Raincoats sur le label Geffen. 


The Raincoats, Shouting out loud (Odyshape, 1981)




The Slits est un autre groupe de meufs, dans la lignée des Raincoats, formé par Ari Up et Palmolive, et avec Viv Albertine et Tessa Politt. J'ai une attache sentimentale particulière avec leur premier album, Cut (1979), car je l'ai découvert (et adoré) le jour même de la mort de Ari Up, le 20 octobre 2010. La pochette de l'album, les trois Slits en amazones sauvages mi-nues et recouvertes de boue, est mythique. L'album est un chef d'oeuvre mélangeant punk, reggae et rythmes carribéen. Le morceau en écoute ici est une reprise de Marvin Gaye, comme quoi le post-punk et le Mowtown sont compatibles.


The Slits, I Heard It Through The Grapevine (Cut, 1979)




Et pour finir, Young Marble Giants. Un style très différent des deux autres groupes ci-dessus, et de toute la sphère post-punk en général. Très minimalistes, très lo-fi, ils utilisent des machines à rythme et des synthétiseurs fait maison. La guitare ne fait que de brèves apparitions et la basse est plutôt funky. Leur premier album, Colossal Youth, est un petit chef d'oeuvre, mais aussi apparemment leur seul véritable album.


Young Marble Giants, Searching For Mr Right (Colossal Youth, 1980)

Thursday 5 May 2011

The Residents

Pas mal d'excitation ce soir: je vais voir les Residents, qui plus est dans la ville où ils ont élu domicile il y a 40 ans: San Francisco.

Personne ne sait qui sont les Residents. Ils officient toujours cachés derrière un masque, souvent un globe oculaire géant. Leur musique aussi est obscure, difficile à catégoriser. Très avant-gardiste en tout cas, et reconnaissable entre mille. Les Residents se lancent aussi dès leurs débuts dans la vidéo et sont un des premiers groupes à avoir fait des clips, ce qui leur vaudra de passer couramment sur MTV lors des débuts de la chaîne musicale.
Ce soir les Residents ne sont plus quatre mais trois. À en croire Randy le chanteur, Carlos en a eu marre de la vie Rock'n'Roll et est retourné au Mexique pour s'occupper de sa mère. "Fuck you Carlos" crie randy! Randy a un masque de vieux et est habillé en peignoire avec une cravatte géante.


L'impression que me donne ce spectacle est que Randy n'a pas vraiment besoin de masque car les Residents ont vieilli. Il n'est pas facile de rester avant-gardiste pendant 40 ans.  Les Residents sont tombés dans l'auto-caricature. Carlos a bien fait de quitter le navire.

Bon c'est pas grave, je vais pas être trop méchant avec eux, on va plutôt se replonger dans leur discographie des années 70-80. En écoute ici donc, deux morceaux de leur "Commercial album" (1980), qui contient 40 chansons d'une minute, chacune contenant un couplet et un refrain. Apparemment il faut jouer la chanson trois fois d'affillée pour avoir une chanson pop (j'ai jamais essayé!). Et pis il y aurait mon voisin d'Oakland le guitariste Fred Frith (dont il faut que je parle sur ce blog) en invité sur l'album alors!
Easter woman

Red rider


Et pour finir l'aperçu de la folie des Residents, un petit clip vidéo concocté au milieu des années 70. La musique est issue de "The Third Reich'n'Roll" (1976), un album collage parodiant la musique commerciale des années 60.

Sunday 27 March 2011

Cheveu

Un peu de place pour la musique hexagonale. Il n'y a pas d'obligation, mais quand ça en vaut la peine...
J'ai le plaisir aujourd'hui de vous présenter Cheveu: Trois parisiens qui commencent à asseoir leur notoriété aussi bien en France qu'aux États-Unis où ils ont produit leurs premiers singles. Jeudi, à la dernière minute, nous avons vu qu'ils passaient à Rouen. Donc soirée concert où nous avons pu observer les trois protagonistes au travail.


Picture by Gaelle Riou-Kerangal.

La formation est originale: Un chanteur et ses équipements électroniques pour mixer la voix, gérer la boîte à rythme et les samples. Un clavier avec autant d'instruments que le chanteur qui effectue notamment la ligne de basse. Et enfin un guitariste, seul élément "conventionnel" pour ce groupe de rock lo-fi_avant tout_ qui me fait souvent penser à Liars. Mais il est possible de trouver des raccords par touches avec une multitude d'autres artistes ou styles. Un brin d'Alec Empire, un poil d'abstract hip-hop à la Anticon, etc... y a même un plan à la Urban Dance Squad.

Deux albums (et quelques singles) à leur actif puisés dans la même veine. Le second est tout de même plus sophistiqué. Et plus particulièrement sur quatre titres agrémentés d'arrangements aux cordes. Ces derniers ont été composés par une musicienne (pianiste) chanteuse compositeur israélienne: Maya Dunietz, qui évolue aussi bien dans le classique que dans le jazz, et ne dénigre pas non plus les productions plus underground. Pour le meilleur visiblement.

Pochette du second opus: artwork par un certain Chaix,
un artiste qui fait des tableaux avec des étiquettes de fruits et légumes.
Suivi de quelques extraits.

Cheveu "1000"
Born Bad Records




Quattro Stagioni



Show!


J'aurais bien été tenté de mettre tout l'album, mais bon...




Saturday 19 March 2011

Afro punk

Jeudi soir, c'est avec une impression d'aller voir des amis qu'on se rend au concert de The Ex au Bottom of the Hill à San Francisco. On a vu The Ex trois fois déjà, à l'excellent festival de musiques nouvelles Musique Action à Vandoeuvre-lès-Nancy, à leur génialissime 25e anniversaire à Mulhouse (où étaient conviés de nombreux artistes-amis en tout genre, dont le saxophoniste éthiopien Gétatchèw Mèkurya, le poète sonore Anne-James Chaton ou encore Andy Kerr, de Nomeansno, transformé pour l'ocasion en jukebox vivant), et enfin dans les combles d'un château à Darmstadt, la ville intestin, en Allemagne. Nous voilà donc partis pour un quatrième concert, avec une petite angoisse néanmoins: G.W. Sok, le chanteur et fondateur de the Ex qu'on aime tant, a décidé d'arrêter. Heureusement, il ne faut pas plus d'un morceau pour que le nouveau chanteur nous convainque à la fois de son talent de chanteur et de son utilité en tant que troisième guitariste du groupe (G.W. Sok ne faisait que chanter). Il reste cependant loin derrière son compère en terme de charisme et de tenue du micro.

Un peu d'histoire: The Ex est un groupe anarcho-punk hollandais formé en 1979, qui a sorti plus de vingt albums et joué plus de 1300 concerts! Les débuts sont assez punk classique, dans la lignée de Crass, et très impliqués politiquement. Puis au cours du temps les membres de The Ex s'intéressent de plus en plus à d'autres musiques, notamment la musique avant-gardiste, et collaborent au début des années 90 avec le violoncelliste Tom Cora (qui a travaillé avec John Zorn et Fred Frith notamment). Cette collaboration est un vrai coup de génie et donnera naissance à deux albums fantastiques, "Scrabbling at the lock" (1991) et "And The Weathermen Shrug Their Shoulders" (1993).


State of Shock (The Ex and Tom Cora, Scrabbling at the lock 1991)



Puis The Ex incorporent d'autres influences à leur répertoire, notamment la musique improvisée (collaborations avec ICP, Sonic Youth et Tortoise), la musique contemporaine (en orchestre sous le nom Ex Orkest), la musique folklorique hongroise et turque, ou encore la musique africaine. Comme le vin de garde, la musique de the Ex se bonnifie et développe des arômes complexes au fil des ans. Ces dernières années le groupe a énormément tourné en Afrique, notamment en Éthiopie, et l'inspiration africaine se fait de plus en plus sentir: reprise d'un morceau de Konono Nº1 (groupe afrobeat des rues de Kinshasa) sur l'album Turn (2004) et collaboration en 2006 avec la légende d'afrojazz éthiopien des années 70, Gétatchèw Mèkurya. Cet album reste pour moi l'Album (avec un grand A) de l'année 2007.


Ethiopia hagere (Gétatchèw Mèkurya, The Ex & Guests, Moa Anbessa, 2006)



Katherina Bornefeld en train de chanter la chanson folklorique hongroise "Hidegen Fujnak A Szelek" (Scrabbling At The Lock, 1991) au bottom of the Hill. Le concert de jeudi soir n'avait en tout cas rien à voir avec un concert de punk "classique". Des rythmes africains omniprésents, la foule dansait plus qu'elle ne pogotait, et l'ambience était très amicale. Tous les membres de The Ex ont d'ailleurs l'air d'êtres hypers sympas, pas du tout d'attitude de rock star, hypers humbles, très proches du public, toujours souriants: des potes quoi. Après le concert je n'ai pas pu résister à acheter leur nouvel album, produit par Steve Albini (guitariste de Shellac et producteur de génie, notamment pour Nirvana, Pixies, PJ Harvey, rien que ça) et dont la plupart des morceaux du concert étaient tirés. Pas encore eu le temps de l'écouter, mais voici en écoute sur ce blog le premier morceau de l'album, qui m'avait en tout cas marqué pendant le concert. L'air de guitare est tiré de "Elosi aberu skipore imaniti abiro", une chanson ugandaise des années 50.


Maybe I Was The Pilot (The Ex, Catch my shoe, 2010)

Sunday 13 March 2011

Amourages

"Music to make love to your old lady by", de Lovage, est un album de ma discothèque devenu incontournable. Il s'agit en fait plus d'un projet musical que d'un groupe à proprement parler. L'homme derrière Lovage est le producteur de hip-hop Dan the Automator, qui pour l'occasion s'est entourré de Mike Patton (vocaliste crooner sans limites pour Faith No More, Mr Bungle, Fantômas, Tomahawk, entre autres...), de la charmante chanteuse à voix suave Jennifer Charles (Elysian Fields) et du DJ Kid Koala. Mélangez tout ça et vous obtenez du Serge Gainsbourg faisant un album trip-hop kitsch, drôle et très orienté sexe (bien évidemment). Les références à Gainsbourg sont d'ailleurs omniprésentes sur cet album, en commençant par la pochette elle-même (on ne peut guère faire plus clair en terme de référence!).



La raison qui m'a incité à parler de cet album est que j'ai fait une découverte assez fortuite récemment. Mon groupe de krautrock allemand fétiche, CAN (dont j'ai parlé dans mon premier message), a récemment réédité un de leurs premiers enregistrements, une B.O. pour le film "Kamasutra" sorti en 1969. Le groupe ne s'appelait pas encore CAN, mais "Irmin Schmidt and the Inner Space". Tous les membres de CAN sont dejà là cependant: Michael Karoli, Irmin Schmidt, Hol­ger Czukay, Jaki Liebezeit et même Malcom Mooney sur une chanson, "There was a man", qui ressortira plus tard en version plus étendue sous le nom "Joe" (CAN, Delay, 1968). J'achète il y a quelques mois l'abum "Kamasutra" et je découvre alors que le premier morceau, "Indisches Panorama I", a été samplé par Lovage! La boucle est bouclée: même Mike Patton et CAN ont quelque chose en commun! "Kamasutra" contient quelques morceaux intéressants, qui montrent déjà le potentiel créateur des disciples de Karl­heinz Stockhausen, mais ne devrait réjouir que les fans inconditionnels de CAN.

Lovage, Sex (I'm a) (Music to make love to your old lady by, 2001)




Irmin Schmidt and the Inner Space, Indisches Panorama I (Kamasutra, 1969)


Et il se trouve aussi que le morceau "Sex (I'm a)" est plus ou moins une reprise d'un autre morceau, bien ringard celui-ci, d'un groupe New wave américain appelé Berlin. Attention les yeux, les oreilles et les cheveux!

Tuesday 8 March 2011

Pas pas drôle

Not not fun est un petit label indépendant (au nom excellent dit en passant) qui a vu le jour à Los Angeles en 2006. Fondé par Amanda Brown, du groupe Pocahaunted, Not Not Fun produit du drone, du psychédélique, du dub, sur des vinyls (et oui ça existe encore), des cassettes (voilà plus étonnant), plus rarement des CDs (haaa), le plus souvent en tirage très limité. Autant dire c'est pas évident à trouver dans les bacs, même quand on est comme moi à seulement quelques centaines de km de leur siège. Voici donc en écoute quelques artistes signés sur Not Not Fun.




Pocahaunted: il s'agit d'un duo: Amanda Brown et Bethany Cosentino. Beaucoup de basses et de reverb, voilà ce qui caractérise pour sûr le son Pocahaunted, auquels vient se rajouter un esprit funk-rock sur leur dernier album (Make it real, 2010).

Pocahaunted, Ghetto Ballet (Island Diamonds, 2008, CD et vinyl)




Pocahaunted, Make it Real (Make it Real, 2010)






Topaz Rags: un peu moins de basses, un peu plus de piano. Du coup c'est un peu plus tranquil, voire jazzy et aussi moins envahissant que Pocahaunted, mais tout aussi narcoleptique.
Topaz Rags, California Ash B side (California Ash, 2008, cassette uniquement)



Topaz Rags, Sightings (Capricorn Born Again, 2009)




LA Vampires: nouveau projet solo d'Amanda Brown.

LA Vampires, Deeper (2010, disponible uniquement sur la compilation du magazine anglais Wire "Below the Radar Vol. 3)





LA Vampire & Zola Jesus: collaboration entre LA Vampires et Zola Jesus, le projet solo de la Souxiesque Nika Roza Danilova. Ici en écoute une petite reprise d'un morceau bien connu, à vous de découvrir lequel.


LA Vampires & Zola Jesus, No No No (LA Vampires meets Zola Jesus, 2010)

Sunday 6 March 2011

La chronique du cousin vinyl - Episode 0

Hello les (cousi)no means no! Il y a fort fort longtemps existait le vinyle, cette grosse galette noire de 30 cm d'origine pétrolière toujours si controversée. "ça craque, c'est fragile, ça dure pas longtemps une face, les platines qui marchent bien n'ont pas de fonction repeat, et pis ça tient pas dans la poche. Moi , j'préfère mon MP3" me disait l'autre jour Rigobert Puduzgeg, un artiste grolandais qui ne vend que du MP2 sur cassette.
Bref, à l'heure où tout se consomme vite, prenons le temps d'écouter un bon vieux vinyle avec tous ces petits défauts pleins de caractère. Les cousinos m'ont invité à faire découvrir quelques bons disques et à développer sur le blog, notre motivation commune à découvrir et faire découvrir la musique qui nous marque.
Le faux cousin en plastique va essayer en plus de vous exposer ses disques coup-de-coeur et qui existent surtout en vinyle.

Horrors

Et voilà sans tarder mon plus récent coup de cœur: The Horrors.
Deux LP à leur actif; je suis actuellement plongé dans la découverte de leur 2ème opus: "Primary Colours". On y décrypte assez aisément leurs influences (Joy Division, Echo & the Bunnymen, Bauhaus, My bloody Valentine,...) dosées, disséminées dans l'ensemble des titres.


THE HORRORS
Primary Colours
XL Recordings


Le résultat nous replonge au premier abord dans la période post punk/ cold wave, mais les sources d'inspirations plus tardives viennent finalement brouiller les pistes. On aurait du mal à dire quelle époque prend le dessus, ce qui, par conséquent, en fait un disque dans son temps,... ou de tous les temps. Pas facile de trancher.

Mais trève de blablah, le mieux, c'est d'écouter.

Do you remember



I can't control myself

Friday 4 March 2011

Sun City Girls

Un mélange complètement improbable de musique vaudoue, rythmes orientaux, folk psychédélique, surf déjanté, improvisations bruitistes, jazz débridé (la liste pourrait être bien plus longue), j'ai nommé: les Sun City Girls. Une chose est sûre, les SCG ont toujours fait de la musique en dehors des sentiers battus. De vrais indépendants, qui vont piocher dans une liste de styles musicaux sans frontière, mais qui réussissent à faire monter la mayonnaise et à produire un son tout à fait unique. Les SCG ont été formés en 1981 par les frères Alan Bishop et Sir Richard Bishop et par Charles Gocher, et sont malheureusement éteints depuis la mort de ce dernier en 2007. Ils ont produit une pléthore d'albums et d'enregistrements durant ce quart de siècle, souvent sur leur label Abduction Records, et il est en fait assez dure de s'y repérer dans leur discographie. Il est aussi très difficile de se procurer leurs albums, que ce soit en vinyl ou CD (avis aux amateurs).


Petit aperçu, forcément réducteur, de l'éclectisme musical des filles de la ville du soleil. Commençons par leur chef d'œuvre, "Torch of the Mystics", sorti en 1989.


Blue Mambo


Space Prophet Dogon


Et puis finissons par leur dernier album, Funeral Mariachi, sorti l'année dernière sur Abduction Records, et plus facile d'écoute que la plupart de leurs œuvres. Mais attention, très très bien quand même! Enjoy.



The Imam



Blue West