Sunday 27 March 2011

Cheveu

Un peu de place pour la musique hexagonale. Il n'y a pas d'obligation, mais quand ça en vaut la peine...
J'ai le plaisir aujourd'hui de vous présenter Cheveu: Trois parisiens qui commencent à asseoir leur notoriété aussi bien en France qu'aux États-Unis où ils ont produit leurs premiers singles. Jeudi, à la dernière minute, nous avons vu qu'ils passaient à Rouen. Donc soirée concert où nous avons pu observer les trois protagonistes au travail.


Picture by Gaelle Riou-Kerangal.

La formation est originale: Un chanteur et ses équipements électroniques pour mixer la voix, gérer la boîte à rythme et les samples. Un clavier avec autant d'instruments que le chanteur qui effectue notamment la ligne de basse. Et enfin un guitariste, seul élément "conventionnel" pour ce groupe de rock lo-fi_avant tout_ qui me fait souvent penser à Liars. Mais il est possible de trouver des raccords par touches avec une multitude d'autres artistes ou styles. Un brin d'Alec Empire, un poil d'abstract hip-hop à la Anticon, etc... y a même un plan à la Urban Dance Squad.

Deux albums (et quelques singles) à leur actif puisés dans la même veine. Le second est tout de même plus sophistiqué. Et plus particulièrement sur quatre titres agrémentés d'arrangements aux cordes. Ces derniers ont été composés par une musicienne (pianiste) chanteuse compositeur israélienne: Maya Dunietz, qui évolue aussi bien dans le classique que dans le jazz, et ne dénigre pas non plus les productions plus underground. Pour le meilleur visiblement.

Pochette du second opus: artwork par un certain Chaix,
un artiste qui fait des tableaux avec des étiquettes de fruits et légumes.
Suivi de quelques extraits.

Cheveu "1000"
Born Bad Records




Quattro Stagioni



Show!


J'aurais bien été tenté de mettre tout l'album, mais bon...




Saturday 19 March 2011

Afro punk

Jeudi soir, c'est avec une impression d'aller voir des amis qu'on se rend au concert de The Ex au Bottom of the Hill à San Francisco. On a vu The Ex trois fois déjà, à l'excellent festival de musiques nouvelles Musique Action à Vandoeuvre-lès-Nancy, à leur génialissime 25e anniversaire à Mulhouse (où étaient conviés de nombreux artistes-amis en tout genre, dont le saxophoniste éthiopien Gétatchèw Mèkurya, le poète sonore Anne-James Chaton ou encore Andy Kerr, de Nomeansno, transformé pour l'ocasion en jukebox vivant), et enfin dans les combles d'un château à Darmstadt, la ville intestin, en Allemagne. Nous voilà donc partis pour un quatrième concert, avec une petite angoisse néanmoins: G.W. Sok, le chanteur et fondateur de the Ex qu'on aime tant, a décidé d'arrêter. Heureusement, il ne faut pas plus d'un morceau pour que le nouveau chanteur nous convainque à la fois de son talent de chanteur et de son utilité en tant que troisième guitariste du groupe (G.W. Sok ne faisait que chanter). Il reste cependant loin derrière son compère en terme de charisme et de tenue du micro.

Un peu d'histoire: The Ex est un groupe anarcho-punk hollandais formé en 1979, qui a sorti plus de vingt albums et joué plus de 1300 concerts! Les débuts sont assez punk classique, dans la lignée de Crass, et très impliqués politiquement. Puis au cours du temps les membres de The Ex s'intéressent de plus en plus à d'autres musiques, notamment la musique avant-gardiste, et collaborent au début des années 90 avec le violoncelliste Tom Cora (qui a travaillé avec John Zorn et Fred Frith notamment). Cette collaboration est un vrai coup de génie et donnera naissance à deux albums fantastiques, "Scrabbling at the lock" (1991) et "And The Weathermen Shrug Their Shoulders" (1993).


State of Shock (The Ex and Tom Cora, Scrabbling at the lock 1991)



Puis The Ex incorporent d'autres influences à leur répertoire, notamment la musique improvisée (collaborations avec ICP, Sonic Youth et Tortoise), la musique contemporaine (en orchestre sous le nom Ex Orkest), la musique folklorique hongroise et turque, ou encore la musique africaine. Comme le vin de garde, la musique de the Ex se bonnifie et développe des arômes complexes au fil des ans. Ces dernières années le groupe a énormément tourné en Afrique, notamment en Éthiopie, et l'inspiration africaine se fait de plus en plus sentir: reprise d'un morceau de Konono Nº1 (groupe afrobeat des rues de Kinshasa) sur l'album Turn (2004) et collaboration en 2006 avec la légende d'afrojazz éthiopien des années 70, Gétatchèw Mèkurya. Cet album reste pour moi l'Album (avec un grand A) de l'année 2007.


Ethiopia hagere (Gétatchèw Mèkurya, The Ex & Guests, Moa Anbessa, 2006)



Katherina Bornefeld en train de chanter la chanson folklorique hongroise "Hidegen Fujnak A Szelek" (Scrabbling At The Lock, 1991) au bottom of the Hill. Le concert de jeudi soir n'avait en tout cas rien à voir avec un concert de punk "classique". Des rythmes africains omniprésents, la foule dansait plus qu'elle ne pogotait, et l'ambience était très amicale. Tous les membres de The Ex ont d'ailleurs l'air d'êtres hypers sympas, pas du tout d'attitude de rock star, hypers humbles, très proches du public, toujours souriants: des potes quoi. Après le concert je n'ai pas pu résister à acheter leur nouvel album, produit par Steve Albini (guitariste de Shellac et producteur de génie, notamment pour Nirvana, Pixies, PJ Harvey, rien que ça) et dont la plupart des morceaux du concert étaient tirés. Pas encore eu le temps de l'écouter, mais voici en écoute sur ce blog le premier morceau de l'album, qui m'avait en tout cas marqué pendant le concert. L'air de guitare est tiré de "Elosi aberu skipore imaniti abiro", une chanson ugandaise des années 50.


Maybe I Was The Pilot (The Ex, Catch my shoe, 2010)

Sunday 13 March 2011

Amourages

"Music to make love to your old lady by", de Lovage, est un album de ma discothèque devenu incontournable. Il s'agit en fait plus d'un projet musical que d'un groupe à proprement parler. L'homme derrière Lovage est le producteur de hip-hop Dan the Automator, qui pour l'occasion s'est entourré de Mike Patton (vocaliste crooner sans limites pour Faith No More, Mr Bungle, Fantômas, Tomahawk, entre autres...), de la charmante chanteuse à voix suave Jennifer Charles (Elysian Fields) et du DJ Kid Koala. Mélangez tout ça et vous obtenez du Serge Gainsbourg faisant un album trip-hop kitsch, drôle et très orienté sexe (bien évidemment). Les références à Gainsbourg sont d'ailleurs omniprésentes sur cet album, en commençant par la pochette elle-même (on ne peut guère faire plus clair en terme de référence!).



La raison qui m'a incité à parler de cet album est que j'ai fait une découverte assez fortuite récemment. Mon groupe de krautrock allemand fétiche, CAN (dont j'ai parlé dans mon premier message), a récemment réédité un de leurs premiers enregistrements, une B.O. pour le film "Kamasutra" sorti en 1969. Le groupe ne s'appelait pas encore CAN, mais "Irmin Schmidt and the Inner Space". Tous les membres de CAN sont dejà là cependant: Michael Karoli, Irmin Schmidt, Hol­ger Czukay, Jaki Liebezeit et même Malcom Mooney sur une chanson, "There was a man", qui ressortira plus tard en version plus étendue sous le nom "Joe" (CAN, Delay, 1968). J'achète il y a quelques mois l'abum "Kamasutra" et je découvre alors que le premier morceau, "Indisches Panorama I", a été samplé par Lovage! La boucle est bouclée: même Mike Patton et CAN ont quelque chose en commun! "Kamasutra" contient quelques morceaux intéressants, qui montrent déjà le potentiel créateur des disciples de Karl­heinz Stockhausen, mais ne devrait réjouir que les fans inconditionnels de CAN.

Lovage, Sex (I'm a) (Music to make love to your old lady by, 2001)




Irmin Schmidt and the Inner Space, Indisches Panorama I (Kamasutra, 1969)


Et il se trouve aussi que le morceau "Sex (I'm a)" est plus ou moins une reprise d'un autre morceau, bien ringard celui-ci, d'un groupe New wave américain appelé Berlin. Attention les yeux, les oreilles et les cheveux!

Tuesday 8 March 2011

Pas pas drôle

Not not fun est un petit label indépendant (au nom excellent dit en passant) qui a vu le jour à Los Angeles en 2006. Fondé par Amanda Brown, du groupe Pocahaunted, Not Not Fun produit du drone, du psychédélique, du dub, sur des vinyls (et oui ça existe encore), des cassettes (voilà plus étonnant), plus rarement des CDs (haaa), le plus souvent en tirage très limité. Autant dire c'est pas évident à trouver dans les bacs, même quand on est comme moi à seulement quelques centaines de km de leur siège. Voici donc en écoute quelques artistes signés sur Not Not Fun.




Pocahaunted: il s'agit d'un duo: Amanda Brown et Bethany Cosentino. Beaucoup de basses et de reverb, voilà ce qui caractérise pour sûr le son Pocahaunted, auquels vient se rajouter un esprit funk-rock sur leur dernier album (Make it real, 2010).

Pocahaunted, Ghetto Ballet (Island Diamonds, 2008, CD et vinyl)




Pocahaunted, Make it Real (Make it Real, 2010)






Topaz Rags: un peu moins de basses, un peu plus de piano. Du coup c'est un peu plus tranquil, voire jazzy et aussi moins envahissant que Pocahaunted, mais tout aussi narcoleptique.
Topaz Rags, California Ash B side (California Ash, 2008, cassette uniquement)



Topaz Rags, Sightings (Capricorn Born Again, 2009)




LA Vampires: nouveau projet solo d'Amanda Brown.

LA Vampires, Deeper (2010, disponible uniquement sur la compilation du magazine anglais Wire "Below the Radar Vol. 3)





LA Vampire & Zola Jesus: collaboration entre LA Vampires et Zola Jesus, le projet solo de la Souxiesque Nika Roza Danilova. Ici en écoute une petite reprise d'un morceau bien connu, à vous de découvrir lequel.


LA Vampires & Zola Jesus, No No No (LA Vampires meets Zola Jesus, 2010)

Sunday 6 March 2011

La chronique du cousin vinyl - Episode 0

Hello les (cousi)no means no! Il y a fort fort longtemps existait le vinyle, cette grosse galette noire de 30 cm d'origine pétrolière toujours si controversée. "ça craque, c'est fragile, ça dure pas longtemps une face, les platines qui marchent bien n'ont pas de fonction repeat, et pis ça tient pas dans la poche. Moi , j'préfère mon MP3" me disait l'autre jour Rigobert Puduzgeg, un artiste grolandais qui ne vend que du MP2 sur cassette.
Bref, à l'heure où tout se consomme vite, prenons le temps d'écouter un bon vieux vinyle avec tous ces petits défauts pleins de caractère. Les cousinos m'ont invité à faire découvrir quelques bons disques et à développer sur le blog, notre motivation commune à découvrir et faire découvrir la musique qui nous marque.
Le faux cousin en plastique va essayer en plus de vous exposer ses disques coup-de-coeur et qui existent surtout en vinyle.

Horrors

Et voilà sans tarder mon plus récent coup de cœur: The Horrors.
Deux LP à leur actif; je suis actuellement plongé dans la découverte de leur 2ème opus: "Primary Colours". On y décrypte assez aisément leurs influences (Joy Division, Echo & the Bunnymen, Bauhaus, My bloody Valentine,...) dosées, disséminées dans l'ensemble des titres.


THE HORRORS
Primary Colours
XL Recordings


Le résultat nous replonge au premier abord dans la période post punk/ cold wave, mais les sources d'inspirations plus tardives viennent finalement brouiller les pistes. On aurait du mal à dire quelle époque prend le dessus, ce qui, par conséquent, en fait un disque dans son temps,... ou de tous les temps. Pas facile de trancher.

Mais trève de blablah, le mieux, c'est d'écouter.

Do you remember



I can't control myself

Friday 4 March 2011

Sun City Girls

Un mélange complètement improbable de musique vaudoue, rythmes orientaux, folk psychédélique, surf déjanté, improvisations bruitistes, jazz débridé (la liste pourrait être bien plus longue), j'ai nommé: les Sun City Girls. Une chose est sûre, les SCG ont toujours fait de la musique en dehors des sentiers battus. De vrais indépendants, qui vont piocher dans une liste de styles musicaux sans frontière, mais qui réussissent à faire monter la mayonnaise et à produire un son tout à fait unique. Les SCG ont été formés en 1981 par les frères Alan Bishop et Sir Richard Bishop et par Charles Gocher, et sont malheureusement éteints depuis la mort de ce dernier en 2007. Ils ont produit une pléthore d'albums et d'enregistrements durant ce quart de siècle, souvent sur leur label Abduction Records, et il est en fait assez dure de s'y repérer dans leur discographie. Il est aussi très difficile de se procurer leurs albums, que ce soit en vinyl ou CD (avis aux amateurs).


Petit aperçu, forcément réducteur, de l'éclectisme musical des filles de la ville du soleil. Commençons par leur chef d'œuvre, "Torch of the Mystics", sorti en 1989.


Blue Mambo


Space Prophet Dogon


Et puis finissons par leur dernier album, Funeral Mariachi, sorti l'année dernière sur Abduction Records, et plus facile d'écoute que la plupart de leurs œuvres. Mais attention, très très bien quand même! Enjoy.



The Imam



Blue West