Sunday 24 July 2011

Saturn, Véga, Goldorak Route n° 7...

1ère chronique du cousin vinyle et pas facile de choisir un p’tit vinyle qui craque bien et qui claque bien. Alors tant pis, j’ai pris sur moi et j’ai choisi arbitrairement ce que j’ai acheté en dernier et écouté en dernier. Et finalement, ça tombe pas mal.
« Alan Véga avec Saturn Strip, c’est culotté » me disait Rigobert Puduzgeg, artiste grolandais qui sale ses frites en pissant dessus. Et pour une fois, il a raison. Alan Véga est le chanteur (enfin, si on peut dire) de Suicide, groupe maudit en son temps et largement surestimé en notre temps. Il n’a aucun rapport avec Suzanne Véga, chanteuse pop neurasthénique asthmatique des années 80, si ce n’est que les chansons de cette dernière peuvent pousser au suicide. Peintre et sculpteur, Alan Véga rencontre Martin Rev courant 1970. Suicide est né dans le milieu underground new-yorkais grâce à des performances live d’une rare intensité (Alan Véga menaçant le public en faisant tournoyer une chaîne de moto) et responsables d’une rare animosité de la part du public qui tentera de les lyncher à plusieurs reprise sans succès (tant pour le lynchage que la vente de disques). Entre minimalisme d’avant-garde (chant + electro) et grosse provoc je-m’en foutiste, le groupe ressemble à la rencontre impossible d’un Kluster sous acide avec un Iggy pop, neurasthénique après avoir écouté Suzanne Véga, qui décide de rejoindre les Stray Cats. Et pourtant la vinaigrette se transforme par magie en mayonnaise avec un p’tit goût de r’viens-y.
Pour en revenir à Alan Véga, il décide de prendre un vrai groupe et de développer son amour du rockabilly de façon décadente et décalée. Il connaît ainsi un succès inattendu en France avec « Jukebox Babe » en 1980, qui atteint les sommets des ventes. Saturn strip est son 2ème album avec un mélange des 2 styles electro-rockabilly un peu plus pop. Faut dire à l’époque (1980-82) que le rock des années 50-60 marche bien en France (les Forbans et pleins d’autres formations dont la qualité artistique ressemble à ce que je peux trouver dans les couches de mon fils). Si on n’arrive pas à prendre véritablement Alan Véga au sérieux dans son rôle tant espéré de rocker-crooner à deux balles, on ne peut que s’imprégner de l’atmosphère borderline du personnage. Les guitares rocks sont à la limite de la rupture et contribuent au son mystérieusement anachronique et dérangeant. Les claviers flirtent avec l’apparente simplicité des notes de Barry Andrews avec XTC ou The league of gentlemen, alors que l’intonation viscérale de Véga sonne parfois comme un hommage involontaire à un « Sato-Sato » improbable des Deutsche Americanische Freundschaft (CF Video Babe). Le décalage jusqu’au bout de la pochette, blouson noir avec dégaine de Fonzy de Montfermeil qui aurait trop regardé « les démons de jésus », néon fluo déglingué ou graffiti frénétique d’un parkinsonien qui aurait un peu débordé sur le pauvre gars qui essaye de faire une photo pour la pochette de son album. Bref, le message est à l’image du disque, improbable puzzle décalé.
Je dis pas que c’est le disque du siècle mais franchement, je me suis bien éclaté à le découvrir et j’espère avoir aiguisé la curiosité de certains. A bientôt pour un autre p’tit vinyle.
Lien Deezer : http://www.deezer.com/fr/#music/alan-vega/saturn-strip-344954

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