Saturday 19 March 2011

Afro punk

Jeudi soir, c'est avec une impression d'aller voir des amis qu'on se rend au concert de The Ex au Bottom of the Hill à San Francisco. On a vu The Ex trois fois déjà, à l'excellent festival de musiques nouvelles Musique Action à Vandoeuvre-lès-Nancy, à leur génialissime 25e anniversaire à Mulhouse (où étaient conviés de nombreux artistes-amis en tout genre, dont le saxophoniste éthiopien Gétatchèw Mèkurya, le poète sonore Anne-James Chaton ou encore Andy Kerr, de Nomeansno, transformé pour l'ocasion en jukebox vivant), et enfin dans les combles d'un château à Darmstadt, la ville intestin, en Allemagne. Nous voilà donc partis pour un quatrième concert, avec une petite angoisse néanmoins: G.W. Sok, le chanteur et fondateur de the Ex qu'on aime tant, a décidé d'arrêter. Heureusement, il ne faut pas plus d'un morceau pour que le nouveau chanteur nous convainque à la fois de son talent de chanteur et de son utilité en tant que troisième guitariste du groupe (G.W. Sok ne faisait que chanter). Il reste cependant loin derrière son compère en terme de charisme et de tenue du micro.

Un peu d'histoire: The Ex est un groupe anarcho-punk hollandais formé en 1979, qui a sorti plus de vingt albums et joué plus de 1300 concerts! Les débuts sont assez punk classique, dans la lignée de Crass, et très impliqués politiquement. Puis au cours du temps les membres de The Ex s'intéressent de plus en plus à d'autres musiques, notamment la musique avant-gardiste, et collaborent au début des années 90 avec le violoncelliste Tom Cora (qui a travaillé avec John Zorn et Fred Frith notamment). Cette collaboration est un vrai coup de génie et donnera naissance à deux albums fantastiques, "Scrabbling at the lock" (1991) et "And The Weathermen Shrug Their Shoulders" (1993).


State of Shock (The Ex and Tom Cora, Scrabbling at the lock 1991)



Puis The Ex incorporent d'autres influences à leur répertoire, notamment la musique improvisée (collaborations avec ICP, Sonic Youth et Tortoise), la musique contemporaine (en orchestre sous le nom Ex Orkest), la musique folklorique hongroise et turque, ou encore la musique africaine. Comme le vin de garde, la musique de the Ex se bonnifie et développe des arômes complexes au fil des ans. Ces dernières années le groupe a énormément tourné en Afrique, notamment en Éthiopie, et l'inspiration africaine se fait de plus en plus sentir: reprise d'un morceau de Konono Nº1 (groupe afrobeat des rues de Kinshasa) sur l'album Turn (2004) et collaboration en 2006 avec la légende d'afrojazz éthiopien des années 70, Gétatchèw Mèkurya. Cet album reste pour moi l'Album (avec un grand A) de l'année 2007.


Ethiopia hagere (Gétatchèw Mèkurya, The Ex & Guests, Moa Anbessa, 2006)



Katherina Bornefeld en train de chanter la chanson folklorique hongroise "Hidegen Fujnak A Szelek" (Scrabbling At The Lock, 1991) au bottom of the Hill. Le concert de jeudi soir n'avait en tout cas rien à voir avec un concert de punk "classique". Des rythmes africains omniprésents, la foule dansait plus qu'elle ne pogotait, et l'ambience était très amicale. Tous les membres de The Ex ont d'ailleurs l'air d'êtres hypers sympas, pas du tout d'attitude de rock star, hypers humbles, très proches du public, toujours souriants: des potes quoi. Après le concert je n'ai pas pu résister à acheter leur nouvel album, produit par Steve Albini (guitariste de Shellac et producteur de génie, notamment pour Nirvana, Pixies, PJ Harvey, rien que ça) et dont la plupart des morceaux du concert étaient tirés. Pas encore eu le temps de l'écouter, mais voici en écoute sur ce blog le premier morceau de l'album, qui m'avait en tout cas marqué pendant le concert. L'air de guitare est tiré de "Elosi aberu skipore imaniti abiro", une chanson ugandaise des années 50.


Maybe I Was The Pilot (The Ex, Catch my shoe, 2010)

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